Paul Marcel DAMMANN

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Quoique ayant obtenu le grand Prix de Rome en 1908, à vingt-trois ans, ce n'est qu'après la guerre que Paul-Marcel DAMMANN produisit d'une manière suivie et féconde.

Élève de Chaplain, il en a subi l'influence. Ses premiers portraits et études de têtes sont traités avec l'intention de suivre fidèlement la pensée et l'enseignement du maître, même majesté dans la silhouette, même pureté de lignes.

Quand il dispose une composition de son choix, c'est à Roty qu'il pense. Le plus souvent les reliefs sont peu accentués, et, qu'il prenne le paysage, ou tout autre motif de décor emprunté à la vie réelle, il cherche à garnir les fonds de ses médailles et observe le détail. Sur le revers du portrait du Maréchal Pétain, il n'hésite pas à faire défiler tout un groupe de soldats, fusil sur l' épaule. Si rien n'est en trop, rien n'est oublié non plus P.-M.Dammann par Roganeau.

Les oeuvres de P. -M. Dammann exécutées immédiatement avant et après la guerre sont ainsi conçues. Ne parlons pas des années 1914 à 1918 qui furent pour lui, comme pour bien d'autres, entièrement stériles.

En trois ou quatre ans, période très courte, l'artiste a évolué sensiblement et très heureusement. Aujourd'hui son art a un tout autre aspect, ses conceptions aussi ne sont plus les mêmes. D'abord le relief est marqué davantage, les lettres des légendes tendent à être moins nombreuses et prennent moins de place; les motifs secondaires de décor disparaissent, et l'idée est matérialisée en un ou deux personnages qui se détachent avec netteté sur un fond uni et souvent nu.

Quand P. -M. Dammann pose ce principe «  qu'une médaille doit être claire et qu'elle doit pouvoir se lire immédiatement -, il nous en donne, avec ses oeuvres, de merveilleuses démonstrations.

II a pour la forme humaine une sorte de culte; on la retrouve d'ailleurs toujours dans ses médailles. Sans nier ou renier la nature et la réalité, il ne les fixe plus comme autrefois dans toute leur exactitude, mais les interprète selon son goût, et selon la grande leçon des Grecs qu'il aime, qu'il admire. L'art grec est, pour lui, le sommet qui n'a jamais été dépassé, ni peut-être été atteint à d'autres âges de l'histoire. C'est volontairement et en toute franchise qu'il s' en inspire.

Si la plupart des artistes qui raisonnent et pratiquent ainsi, tombent bien vite dans l'académisme et se répètent dans une froide imitation, Dammann a su au contraire devenir original, et ses oeuvres sont frémissantes de grâce et de virilité.
L'admiration qu'il professe pour les Grecs ne l'empêche pourtant pas d'apprécier les grands artistes renaissants, et certains modernes. II conserve pour Chaplain son initiateur, l' estime qu' on accorde à un homme de valeur. II goûte la maîtrise de Ponscarme, le réalisme de Charpentier. Voilà qui dénote une impartialité, une liberté de jugement.

S'il était possible de tenter une comparaison prise dans la littérature, nous dirions volontiers que le style d'aujourd'hui de Dammann s'apparente à celui d'Anatole France. Ce sont les mêmes qualités d'ordre, de logique, exprimées avec des moyens limpides, précis, qu'on retrouve chez l'un comme chez l'autre.

Très satisfait de lui (à juste titre ), il ne veut nullement mettre un terme à son évolution, et, s'il a franchi quelques étapes, il espère bien parcourir un chemin plus grand encore. Sans présager du cours de son évolution future, nous pouvons l'attendre en toute sympathique confiance.
Paul-Marcel Dammann a obtenu la Médaille d'Honneur au Salon des Artistes Français en 1928.

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