Maurice DELANNOY

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Maurice DELANNOY n'est sorti d'aucune école ni d'aucun atelier privé; il s'est formé seul, à. force de persévérance et d'énergie, disons le aussi, animé par une confiance en soi que rien ne pouvait ébranler. Très jeune il occupait ses loisirs en s'adonnant à la médaille.

Déjà poursuivi par la noble ambition de ne ressembler à personne, il puisait tout dans sa propre imagination, allant jusqu'à refuser de copier de vieilles œuvres pour apprendre les rudiments de l'art qu'il préférait.

Il avait déjà exposé au Salon des Artistes Français, qui est en quelque sorte le lieu de rendez-vous des médailleurs, quand la guerre éclata. Prisonnier des Allemands, il vécut pendant deux ans et demi dans une région marécageuse et désolée que l'horizon limitait. 

C'est au milieu de cette nature rude, simple, que ses idées artistiques s'affirmèrent. Désormais, son style tendra vers la sobriété et le bel agencement des lignes. Depuis cette époque la volonté de l'artiste n'a cessé de se manifester dans cette voie, pour aboutir aujourd'hui à des oeuvres maîtresses.

Le procédé du modelage, qu'il pratiqua longtemps, ne lui permettant pas de s'exprimer aussi parfaitement qu'il le désirait, il se mit à graver directement le plâtre. Il trouva avec ce procédé, la possibilité de communiquer à ses petits bas-reliefs un caractère sculptural, en donnant à ce mot le sens de décoration architecturale.

Pour Delannoy, l'art de la médaille consiste à. disposer une composition en faible relief sur un fond plat, d'après une surface déterminée. S'il s'agit d'une surface circulaire, la composition offrira un ensemble de lignes courbes s'encadrant dans la forme générale de la médaille; telles sont: La Famille. La Danseuse... S'il s'agit d'une surface angulaire, comme un rectangle, la composition présentera comme lignes dominantes, des droites (verticales et horizontales) telles sont: La Pudeur. Charmeuse...

Les modelés ne s'enchaînent pas en reliefs plus ou moins marqués, mais se rapprochent d'un plan général et unique. Ils ne donnent en aucun cas l'impression du haut-relief, et encore moins de la ronde-bosse engagée. Les contours sont nettement découpés et produisent des ombres; ces ombres en échange viennent cerner les contours.

Dans ses médailles les plus récentes, Delannoy a évité de trouer les reliefs; en présence d'un être humain par exemple, il marque seulement, parfois il se contente d'esquisser les yeux, la bouche. Il obtient de la sorte des gris et non des noirs. Il voit les reliefs par masses, s'attache aux volumes et néglige sciemment le détail. La masse est calculée par rapport à la surface de la médaille ou de la plaquette, pour produire une sensation d'équilibre et de solidité. Ce sont ces qualités d'équilibre et de solidité qui valent pour Delannoy, beaucoup plus que le sujet par lui-même qui n' est que secondaire. Les oeuvres de Maurice Delannoy ne sont pas que le résultat de théories dirigées par une grande volonté. Non seulement elles procurent des jouissances à notre intellect, mais encore elles impressionnent nos sens, parce qu'on y découvre toujours un ardent amour de la nature que rehausse encore un certain sensualisme.
Voici comment l'artiste travaille. Après avoir élaboré de tête, une composition, il prend un dessin d'après le modèle vivant; ce dessin lui servant de document, il aborde le plâtre, qu'il creuse; il retouche enfin, ayant encore le modèle vivant sous les yeux.

Le grand mérite de Delannoy est d'être de son époque, de notre époque. Ses médailles reflètent les mêmes aspirations, les mêmes compréhensions esthétiques qu'on retrouve chez les sculpteurs et les architectes vraiment modernes. Aussi ses oeuvres marquent-elles déjà une date dans l'évolution de la médaille contemporaine.

Maurice Delannoy a obtenu une mention en 1921, à 36 ans, puis une médaille de bronze en 1923 et une médaille d'argent en 1926. Nul doute que la suprême récompense ne vienne bientôt couronner son effort opiniâtre et son vigoureux talent.

Extrait du livre: Les artistes et les œuvres par Henri Classens (1930)

Maurice Delannoy n'est sorti d'aucune école, il s'est formé seul. Sur une surface déterminée, le plus souvent un cercle, il équilibre des compositions en se servant presque toujours de la forme humaine. Ses anatomies, plus ou moins stylisées, sont d'abord étudiées d'après le modèle vivant. Certains de ses nus comme: la Femme à l'ara sont discrètement teintés de sensualisme. Il y a dans Poupées, la Femme aux raisins, le Conseil de l'Amour, un esprit et une touche bien modernes. Le portrait qu'il a exécuté de lui- même a une vivante expression. Citons encore le délicat profil de Sarah qui est, avec son côté symbolique, une vraie médaille. Delannoy n'emploie les légendes qu'assez rarement.

Photo : Maurice Delannoy, par Papineau

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