Henri BOUCHARD

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Henri BOUCHARD a abordé, en sculpture, tous les genres, depuis le relief de petit format et la statuette, jusqu'au relief monumental. Par son talent, il a su conquérir l'estime d'historiens et critiques d'art comme André Michel, Henri Marcel et Paul Vitry.

C'est à l'Ecole des Beaux-Arts de Dijon qu'il a commencé ses études. Il eût là pour maître le sculpteur Dameron qui fût aussi le maître de J. Dampt, d'O.Yencesse, de Pompon. A l'École des Beaux-Arts de Paris où il vint parfaire ses études, il remporta diverses récompenses dont le second Prix de Rome de sculpture en 1899, et le Grand Prix en 1901. Il obtint ces deux succès à chaque fois avec un bas-relief. Malgré qu'il se soit exprimé aussi bien avec la ronde-bosse qu'avec le bas-relief, c'est ce dernier qui lui a toujours donné les plus vives joies. Aussi, devait-il être tenté un jour par la médaille qui est encore pour lui du bas-relief.

Il avait trente-huit ans quand il exécuta sa première médaille, laquelle lui avait été commandée par l'ancienne Société des Amis de la Médaille. Il choisit lui-même son sujet, et son oeuvre glorifia Les fondateurs de l'Hôtel- Dieu de Beaune, Nicolas Rolin et Guigone de Salins (1443). Ne laissant aucune part à la fantaisie, il s'est documenté sérieusement afin que le sujet, les personnages et leurs vêtements, le milieu dans lequel l'action est située, tout concoure à donner à l’œuvre un caractère historique, selon son terme. Plus près de nous, il a recommencé deux tentatives de ce genre avec sa médaille Les Bourguignons salés (1421) , et celle du Chroniqueur de Bretagne Alain Bouchard (1514), qui sont peut-être mieux réussies. Si ces médailles procurent des satisfactions aux amateurs d'archéologie qui y trouvent des éléments conformes à la vérité, elles possèdent aussi d'autres qualités. Ce sont autant, sinon plus, des œuvres d'art que des œuvres documentaires.

Une médaille typique encore, mais d'un caractère différent, est celle que Bouchard modela pour commémorer l'Exposition internationale des Arts décoratifs de 1925. Il s'est lui-même fixé le programme que voici (d'ailleurs accepté par le Commissariat général) : « Les artistes décorateurs apportent à l'Exposition le produit .de leur création ". Programme que l'on soupçonnerait avoir été conçu par quelque comité au goût académique, et devant être réalisé dans le même esprit. " il n'en est rien. Jamais on ne pourrait s'attendre à une réalisation aussi libre, tant en ce qui concerne la composition générale que la façon dont les personnages sont traités.

Henri Bouchard aime le passé et s'en inspire volontiers, mais il aime aussi la vie présente, soit qu'elle se manifeste dans les sports ou dans les travaux du peuple. Il excelle dans l'art du portrait où il étudie « le jeu des grandes formes et non des détails » . Il préfère les médailles aux plaquettes, parce qu'il estime que; le cercle est la figure géométrique la plus belle, et aussi la forme la plus sympathique à tenir dans la main. Il dispose les reliefs sur deux ou trois plans qu'il ne lie pas, mais qu'il superpose. Il évite la perspective et tout ce qui peut produire un effet pittoresque. Il n'ajoute rien à la nature, au contraire, il « simplifie », il met de « l'ordre ». II attache une grande importance à la silhouette. En quelques mots, il veut qu'une médaille puisse se lire sans efforts, et qu'elle soit du bas-relief.

Alors que les médailleurs et les critiques discutent fort sur le tour à réduire, le principe de la médaille fondue et de la médaille frappée, il semble intéressant d'indiquer quelle est l'opinion de Bouchard. Il n'est pas adversaire de la réduction; il considère que « le tour à réduire est un auxiliaire fidèle, mais dangereux quand le médailleur ne prévoit pas dans son modèle que les défauts de maigreur d'accents, de complication de détails paraîtront par le fait de la petite dimension, accusés davantage. Ainsi donc, l'artiste doit, au moment de l'exécution de son oeuvre, tenir compte des modifications qui se produiront et agir en conséquence».

Il reconnaît l'égalité de la médaille frappée et de la médaille fondue en ces termes: « qu'importe le procédé de fabrication si la médaille est belle; on fait de mauvaises médailles fondues comme on fait de mauvaises médailles frappées et inversement ». Dans le domaine de la médaille, Henri Bouchard a moins produit que dans le domaine de la grande sculpture, néanmoins il s'impose parmi les meilleurs médailleurs actuels. Avec ses oeuvres si fermes, si bien venues, il montre et démontre que la médaille n'est pas un moyen plastique inférieur.

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